lundi 3 mars 2008

changement de boutique !

Juste un mot pour vous dire que désormais vous pourrez me lire ici.

A bientôt.

Max.

vendredi 29 février 2008

« Cette fois-ci, on s’attaque à l’os ! » *

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Ce n’est pas toutes les années qu'on a un 29 février. Alors, lâchons nous un peu !


Car, ailleurs, sur d’autres blogs et forum, d’autres se lâchent le restant de l’année. Comme à l’habitude, quand un fonctionnaire ose bouger le moindre petit doigt, émettre ne serait-ce qu’un imperceptible soupir, les mêmes ritournelles reviennent fredonner à nos oreilles : nous serions sur la défensive, passéistes, pessimistes, cripto-trotskistes, que sais-je encore.


La lecture des commentaires du post de Guillaume (en date du 10 février) sur son blog S’il n’y avait que les élèves (à fréquenter assidûment) est à ce sujet édifiante. Certains, en effet, osent, à leur manière « resituer le contexte du métier de prof ». Ils parlent alors de « sécurité totale de l'emploi, d’absence de pression hiérarchique, d’impuissance du système d’évaluation des personnels enseignants titulaires, de la négation de la culture du résultat, du niveau des salaires corrects pour un métier recrutant à Bac+3 (pour la majorité des profs) », et bien sûr les sacro-saints « volumes horaires du service (+ de 15 semaines de congés par an pour 18H par semaine) ». Un autre commentaire fait même une proposition alternative : « Si vous ne supportez pas votre boulot, allez faire trader à la Société Générale ! »

On leur pardonne. Ils pensent sans doute que leur idole, Jean-Pierre Pernaud, ne travaille que de 13h00 à 13h35, 5 jours par semaine…

Mais, ils ont raison sur un point : il faut poser le contexte.
Et le contexte, quand on le regarde, est éloquent.

Nicolas Sarkozy, Discours au Palais du Latran, 20 décembre 2007 : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »

Nicolas Sarkozy, Dîner annuel du Crif, 13 février 2008 : Chaque élève de CM2 se verra «confier la mémoire» d'un enfant victime de la Shoah

Nicolas Sarkozy, Périgueux, 15 février 2008 : « Les programmes scolaires sont un sujet de débat politique au sens des affaires de la nation, ce n'est pas un sujet technocratique. Certes les élus du peuple n’ont pas vocation à se substituer aux scientifiques, ce n’est pas à eux de produire le savoir, ce n’est pas à eux de l'écrire, ou de réécrire l’histoire. Il leur appartient en revanche de déterminer ce qui, dans le champ immense du savoir, mérite d’être étudié par les élèves de France. »

Lettre du recteur de l’Académie de Créteil au profs récemment partis à la retraite : « Je vous informe que vous avez la possibilité, si vous le souhaitez, de reprendre une activité enseignante au sein des collèges et des lycées de l’Académie. Cette activité, qui peut être exercée pour quelques heures hebdomadaires sur des suppléances de courte ou de moyenne durée, est rémunérée sous formes de vacations. Elle est désormais compatible avec la condition de retraité de la fonction publique ».

Les enseignants devenus éducateurs voient leur métier changer sans qu’ils puissent participer à cette évolution. Accusés de technocrates (discours de Périgueux, ci-dessus), incapables d’enseigner la shoah à près d’un enfant sur deux (merci M. Darcos), notés sur Internet, l’impression générale est celle d’une perte de contrôle sur notre propre métier. C’est au politique d’inspirer les programmes, nous dit-on ? Quand on sait qu’il a fallu attendre 1995 pour que l’Etat français reconnaisse qu’il a été un Etat collaborateur du régime nazi entre 1940 et 1944 : ça augure mal de la suite.

Les suppressions de postes prévues à la rentrée 2008, massives, s’opèrent dans ce contexte. En compensant les suppressions de postes par l’octroi d’heures supplémentaires aux établissements (car il faut bien, malgré tout, dispenser les heures de cours obligatoires), les rectorats modifient ainsi les conditions d’exercice du métier d’enseignant, en allongeant le temps de travail de ceux qui acceptent une partie de ces heures supplémentaires (souvent contraintes par la faible évolution salariale depuis plusieurs années) (1). Quand il n’y a pas assez de personnel titulaire pour dispenser ces heures, les rectorats ont alors recours à des vacataires (2), voire des retraités.

On le voit, le métier d’enseignant se précarise de deux manières. D’une part en perdant, progressivement, la maîtrise des contenus des enseignements dispensés et d’autre part en assistant au développement rapide de formes flexibles d’emplois (changement chaque année d’établissement, travail sur 2 ou 3 établissements à la fois pour les remplaçants à l’année, vacataires payés pour 200 heures chaque contrat, non rémunérés pendant les vacances et donc contraints de faire des petits boulots d’appoint de ci de là).

Les fables qu’on nous raconte sont donc bel et bien des historiettes pour enfants sages.
On a passé l’âge.
Merci.


Max.



* Citation extraite d’un article de Libération qui donnait la parole à une enseignante du collège Henri Wallon d’Aubervilliers.

(1) Rappelons que pour un service de 18 heures de cours un professeur travaille entre 35 et 40 heures. Rappelons également que les deux mois d’été de vacances ne sont pas rémunérés. Un professeur est payé 10 mois répartis sur 12.

(2) Rappelons qu’un vacataire est payé à l’heure. Il enchaîne souvent des vacations de 200 heures maximum avec des contrats dans lesquels les droits à la protection sociale, aux indemnités chômage sont réduits. A cela s’ajoute l’absence de prise en compte des vacations pour la retraite. Jetables et corvéables. Le recours aux vacataires devient du reste une norme d’embauche pour les rectorats.

mercredi 27 février 2008

La fable de l'Inspecteur d'académie à l'enseignant

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« Arrêtons cette blague », dit le Ministre. "Les établissements fonctionneront normalement l'année prochaine, je ne dis pas que (la baisse des moyens alloués) ne créent pas de contraintes mais nous faisons des réformes et nous définissons nos priorités".

Cela fait des années que l’on nous en parle. Souvenez-vous. C’était à 7 sur 7. L’émission d’Anne Sinclair. Il s’appelait Claude Allègre. Il était Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. La phrase qui tue : « Il faut dégraisser le mammouth ». Et d’annoncer, en guise d’argumentation, des chiffres sur l’absentéisme des enseignants. Des chiffres bien supérieurs à la réalité et en contradiction avec ceux de ses propres services.


C’était le 24 juin 1997.

Dix ans plus tard, le dégraissage est à l’œuvre. Et cela ne date pas de cette année. Entre les rentrées 2003 et 2006, les collèges et lycées ont perdu quelques 13000 postes d’enseignant (source : Ministère de l’Education nationale). Cette année, sur les 11200 prévus, 8000 devraient l’être dans l’enseignement secondaire.


Pourquoi, comment ? C’est là que la fable commence…


Vent debout, l’enseignant manifeste :


« Dîtes moi d'où vient ce phénomène qui mène tout droit à l'impasse
Qu'est-ce qui se passe, je vois plus les traces, je reconnais plus mon espace
Espacez-vous, écartez-vous, dîtes moi où est la lumière
J'ai besoin d'aide encore une fois et ce sera pas la dernière
Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dîtes pas que c'est normal
Tout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu'est bien et ce qu'est mal
C'est la pénombre qui règne comme si le soleil était mort-né
Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée. » (1)


Alors, l’Inspecteur-d’académie-qui-a-réponse-à-tout sort son bel argumentaire en trois parties:


1.


« Il y a moins d’élèves. Il y a un creux démographique », dit il. L’enseignant (qui a l’habitude de préparer ses séquences) lui rétorque que dans le même temps les effectifs augmentent en primaire et que dans 4 ou 5 ans, ils intégreront le collège. Il interroge : « Y aura-t-il assez de professeurs pour les accueillir ? Quand on sait que d’autres charrettes sont prévues, que d’ici à 2010, ce sont 40 000 postes qui doivent être supprimés. Et puis, s’il manque tant d’élèves pourquoi nous retrouverons nous, au collège Lamartine de Houilles, à 30 élèves par classe au lieu de 26 actuellement ? ».« On a le droit de s’inquiéter », conclut-il.


2.


« Certes, certes, dit l’Inspecteur d’académie, mais vous comprenez, l’Etat n’en peut plus, les caisses sont vides, c’est la faillite, 2000 milliards de dettes. On ne peut pas vivre au dessus de nos moyens. Il nous faut être raisonnable ». L’enseignant (qui avec son salaire non revalorisé depuis 6 bonnes années sait ce que c’est que de se serrer la ceinture) n’a cure de cet argument. « Ce n’est pas sur nos enfants que nous devons faire peser le poids de la dette. L’éducation, n’est-ce pas elle qui formera le citoyen responsable, qualifié, novateur qui comblera un jour la dette ? L’élève n’est pas un coût pour la société, un élément comptable, c’est un investissement ».


3.


L’Inspecteur d’académie, piqué au vif, fier de son BTS comptabilité, lui rétorque : « Monsieur, vous vous méprenez. Ce qui gouverne nos dotations horaires, c’est, avant tout, un esprit d’équité. S’il y a bien un point sur lequel nous serons d’accord, c’est notre souci de vouloir garantir des dotations équitables entre tous les établissements. C’est la raison pour laquelle le Ministre a créé le dispositif Ambition réussite ». L’enseignant (qui déjà aime à faire vivre le commerce équitable et pratique le tourisme équitable pendant ses loooongues vacances) ne peut s’empêcher de faire son spécialiste : « Monsieur l’Inspecteur, à Aubervilliers, à la cité scolaire Henri Wallon, que Notre Ministre a «élevé au titre de « site d’excellence », comment expliquez-vous que 7 classes ferment et que 15 postes d’enseignants soit supprimés à la rentrée 2008 ? »


Il y a bien une morale à cette fable.


Trois arbres, aussi soigneusement entretenus soient-ils par nos plus brillants jardiniers ne sauraient cacher une forêt, surtout quand elle est immense.


La suite vendredi.


Max.


(1) Grand Corps Malade, Il fait nuit toute la journée, 2005

Nota bene: l'illustration du début de la note est librement inspirée d'une des affiches de la dernière campagne de publicité d'une célèbre compagnie ferroviaire.




lundi 18 février 2008

civilisation ! ? ...

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Amusons nous un peu.

Ce dimanche soir, je m’en retourne de l’exposition de l’Institut du monde arabe sur les Phéniciens. Toute la semaine, les affiches dans le métro me répétaient de station en station le même slogan inscrit dans un tridacne: « Quel visage avait la civilisation qui nous a donné l’alphabet ».

Or, vous le savez, depuis les vœux de notre Président, toute la bonne société s’interroge sur ce qu’est une « politique de civilisation ». Soucieux d’en faire partie, je me dis que je vais peut-être trouver quelques éléments d’explication à l’Institut du Monde Arabe.

Déambulant au milieu d’œnochoés à bobèche, d’oenochoés trilobées, de sarcophages, d’amulettes, d’aryballes et autres alabastres à onguents, d’œufs d’autruche, de statuettes de femmes aux bras écartés et de tridacnes, peu à peu, une certitude se forge dans mon esprit : la civilisation que construit Nicolas Sarkozy n’est pas une civilisation. Elle est trop ridicule au regard de celles qui ont franchi les siècles pour venir jusqu’à nous.

Jugez-en par vous-même :

Une civilisation, c’est une langue avec un alphabet
. Les Phéniciens ont inventé un système d’écriture simple où chaque son est représenté par un signe simple appelé lettre. Cet alphabet est apparu au Proche-orient autour de 1500 av. J.-C. Il va influencer tous les peuples de la Méditerranée et au-delà. Nicolas Sarkozy, lui, se veut le grand simplificateur de la langue française, « parce que si l'on ne parle pas notre langue, dit-il, c'est difficile d'espérer progresser. Le vocabulaire est un instrument de liberté ; l’orthographe, par quoi notre langue se tient debout ; la grammaire, qui est le commencement de toute pensée qu'il faut débarrasser de l'invraisemblable charabia dans lequel on l'a enveloppée et qui l'a rendue presque aussi incompréhensible pour les enfants que pour les parents (…) : toutes ces disciplines, orthographe, grammaire, toutes ces disciplines seront remises, à l’honneur. Sans parler de la pratique du langage texto, je suis terrifié lorsque j'en reçois un.[ndlr : « Si tu reviens, j’arrête tout »] Il faut voir ce qu'est la langue texto pour le français. Si on laisse faire, dans quelques années on aura du mal à se comprendre ». (Discours de Périgueux, 15 février 2008)

Une civilisation, c’est un ensemble de croyances
, qui permettent de différencier le bien et le mal, croyances parfois importées d’autres rivages, parfois de son propre fait. Pour les phéniciens, ce furent des divinités venues du Nil et ce fut Astarté. Pour Nicolas Sarkozy, c’est le Dieu de Benoît XVI : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, dit notre nouveau prophète, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, p1eda40368c9c002ed93d1a39fbb9fb29.jpgarce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. » (Discours au Palais du Latran, 20 décembre 2007). Mais c’est aussi, la croyance dans les médias, l’espérance dans les sondages (1). Et la photographie remplace tous les mots.

Une civilisation rêve d’Empire
. Pour les Phéniciens de Tyr, Sidon et Byblos, c’est la Méditerranée. Pour Nicolas Sarkozy … aussi : « Faire de la Méditerranée, de sa résistance à l’uniformisation du monde, la plus grande source de créativité au milieu de la mondialisation, et à partir de là rendre vivante au centre de l’économie globale une idée de l’homme et de la civilisation. (…) La Méditerranée c’est un enjeu pour notre influence dans le monde. C’est un enjeu pour notre manière de vivre avec les autres. C’est un enjeu pour notre cohésion nationale et c’est un enjeu pour chacun d’entre nous. (…) Faire une politique de civilisation, voilà à quoi nous incite la Méditerranée où tout fut toujours grand, les passions aussi bien que les crimes, où rien ne fut jamais médiocre, où même les Républiques marchandes brillèrent dans le ciel de l’art et de la pensée, où le génie humain s’éleva si haut qu’il est impossible de se résigner à croire que la source en est définitivement tarie. La source n’est pas tarie. Il suffit d’unir nos forces et tout recommencera. » (Discours de Toulon, 7 février 2007)

Alors qu’elle visage a la civilisation que nous a donné Sarkozy ?


Hypothèse: celui d'une dégénérescence...


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Max.


(1) « Il faut envisager le journalisme comme une croyance, peut-être l’ultime croyance d’une époque qui se pense incroyante. Le journalisme ne croit qu’en ce qu’il montre, c’est-à-dire en un monde intégralement lisible. (…) L’époque n’est plus aux grands délires interprétatifs, ni aux théories générales, mais à la modestie. Le journalisme ne promet pas un monde meilleur, il promet de vous livrer le monde. Post-révolutionnaire, délivrée de toute transcendance, l’idéologie de l’information est celle d’un monde dans lequel le désenchantement est arrivé à son terme. Encore qu’il serait permis de décrire l’âge médiatique comme celui d’un ré-énchantement pour enfants, en technicolor, destiné à distraire une humanité lasse de sa grandeur et de sa cruauté passées. (…) En somme, le sortie du religieux a fait place au politique et, à la fin du politique, il y a le médiatique dont le journalisme est l’avant-garde éclairé. » Philippe Cohen, Elisabeth Lévy, Notre métier a mal tourné. deux journalistes s'énervent, Mille et une nuits, 2008.

(2) Vous aurez reconnu, un masque grimaçant phénicien (Carthage, Tunisie, fin VIIè - décut VIè av. J.-C., terre cuite, 19 x 16, Paris, musée du Louvre) et sa pâle copie actuelle et celle de demain...

dimanche 17 février 2008

week end

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Robert Rauschenberg
Passenger (Urban Bourbon)
1992
acrylic on enamelled aluminium
124.5 x 119.4 cm
Courtesy Waddington Galleries, London

jeudi 14 février 2008

Audiovisuel public: une grève pas comme les autres...

France inter.
Hier matin.
Le journal de 7h00.

Bruno Duvic présente le
journal. Il aborde la grève dans l’audiovisuel du 13 février.
Courte description de la manifestation parisienne: banderole « Ni pub, ni soumise » (pas mal !), supprimer la publicité des antennes publiques. Pourquoi pas. Mais il y a des doutes : comment financer l’audiovisuel public sans l’argent de la pub ?
Afin de mieux sentir les doutes qui assaillent les personnels, les micros de France Inter nous plongent dans la manifestation. Au micro, une journaliste de France 2, Karine Comazzi, est interrogée :

« S’il n’y a pas d’argent à partir du 27 février, nous ne serons plus en mesure d’acheter des programmes. Ca veut dire, déjà, on commence à descendre, on commence à décliner. Ce que les gens doivent savoir, c’est que France Télévision n’est pas une vieille maison de ringards, ce n’est pas le Titanic. On n’est pas forcément en surnombre. Certes, il y a sans doute une réorganisation à faire. Mais, on n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges. Aujourd’hui, il y a deux journaux télévisés du soir, en France, qui progressent : le 19/20 et le journal de 20 heures de France 2. Pourquoi ? Parce qu’il y a de la qualité, de l’audace, des enquêtes. Et ça, ça a un coût. Le téléspectateur doit savoir que c’est un outil de démocratie qu’il a entre les mains. C’est tout et il faut le défendre. »

Vous avez noté ?

« On n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges ».

France 2, déjà, dans son unique
édition du 13 février, rappelle à plusieurs reprises David Pujadas (service minimum du service public ?) explique en long, en large et en travers les raisons de la grève, les enjeux du service public, les inquiétudes quant au flou du gouvernement sur les solution de financement. David Pujadas interview Christine Albanel, Ministre de la culture et de la communication. Il la presse de donner des réponses concrètes. On sent bien que les personnels de l’audiovisuel public ont besoin d’établir un dialogue avec leur ministre de tutelle. Etablir un dialogue, faire entendre leurs doutes, poser des questions à leur direction, avoir des réponses concrètes. Un dialogue qu’elle évite, des solutions qu’elle élude.

Et ils ont bien raison. Qu’ils continuent !

Mais la phrase de Karine Comazzi me revient :

« On n’est pas d’affreux ringards qui sont attachés à leurs privilèges ».

Il y aurait grève et grève, grévistes et grévistes ?

Retournons sur le site de France 2.
Journal Télévisé de 20 heures du 11 février. Grève à Orly des contrôleurs aériens. De quoi parle-t-on dans les reportages : les perturbations du trafic aérien, la lassitude des passagers, « pris en otages », une minorité qui bloque une majorité d’honnêtes gens, l’incompréhension sur les raisons de cette grève. Mais des raisons précisément, on ne saura rien.

Je cherche alors dans la presse écrite.
Libération du 12 février explique : Le projet vise « à regrouper les trois points de contrôle d’Ile de France au sein d’un nouveau centre, près d’Athis-Mons. Il devait voir le jour entre 2015 et 2017. Mais, entre-temps, la direction décide, transitoirement, d’envoyer 30 aiguilleurs d’Orly travailler à Roissy, sur la base du volontariat, d’ici à 2011. La CGT craint une baisse de la qualité du service public : «On ne pourra pas contrôler les avions d’Orly depuis Roissy d’ici là. Il y a des adaptations techniques beaucoup trop lourdes, accuse Norbert Bolis, secrétaire national CGT. Ça va coûter de l’argent, du potentiel humain et en 2015, il faudra ramener tout le monde dans un nouveau bâtiment.»

Que veulent les grévistes : « La CGT pose la consultation des personnels des trois sites comme préalable à la fin de la grève». C’est tout. Comme personne ne veut les consulter, ils ont arrêté le travail pour pouvoir se faire entendre. Comme à France 2. Etablir un dialogue, faire entendre leurs doutes, poser des questions à leur direction, avoir des réponses concrètes.

Ringard ?


Max.

lundi 11 février 2008

Martinon ou la chronique d'une fin de régime (espérons-le !)

Humons l'air un petit peu.

Ne sentez vous pas que ce début de règne ressemble à une fin de régime ? Des journalistes qui passent leur temps à se faire les chroniqueurs d’une cour chaque matin plus ridicule que la veille. Un monarque obligé d’aller chercher l’onction un jour au Vatican, un autre à Bruxelles.

Que nous racontent nos chroniques du week-end ?

Elles nous narrent l’histoire d’un roi qui ne savait pas comment partager son royaume de Neuilly. Son obsession : trouver un fief à son maire du palais élyséen, David Martinon. Mais l’adoubement tourne court car les factions aristocratiques de la ville de Neuilly s’en mêlent. Leurs intérêts, purement matériels, les poussent à maintenir l’unité de leur petite province, à travers laquelle sont dispersés leurs biens. Leur champion, Jean Sarkozy, n’est autre que le premier fils du souverain, né d’un premier mariage. Et les liens du sang sont les plus forts dans l’aristocratie. Ils ne sauraient être ravalés au rang de façade. Comment ce Martinon, cet Austrasien, pourrait-il assurer la direction du royaume alors qu’il n’a aucun titre. Ces derniers jours, ils nous interpellent, les princes du sang : « Qui doit être roi en Sarkozie, celui qui possède le pouvoir ou celui qui ne l’a point ? » Martinon avait tout de même reçu l’onction royale. Le souverain avait lui-même pris la peine de faire réaffirmer par le Pape sa suprématie:












Mais rien n’y fait : à la race sacralisée par le sang ne succédera pas la race consacrée par l’onction !


Ridicule tout cela. Vous avez raison. D’ailleurs Dagobert, dans sa tombe repose désormais en paix. Il n’est plus désormais le seul objet de nos moqueries.

Mais ce n’est pas tout. Un autre groupe de pression, nous disent les chroniques du week-end, se réunit autour de la deuxième femme de Nicolas Sarkozy, Cécilia, épousée en 1996. Or, en 1997, celle-ci lui donna un fils, Louis. Depuis, elle n’a de cesse que le principe du partage s’applique aussi à son fils, usant de tous les stratagèmes pour que son divorce avec le roi ne l’envoie, elle et Louis dans l’anonymat. La disgrâce de Martinon sonnerait celle du clan de Cécilia dont il était le protégé.

Voilà, l’histoire que l’on nous narre. C’est à qui dominera la volonté du monarque, chacun avec ses clientèles cherchant à tirer profit de ces rivalités. Pour l’heure, il semble bien que les factions aristocratiques de Neuilly autour de Jean aient pris le dessus. Martinon sera tondu et enfermé dans un monastère.

Mais alors. Comment sortir de ses révolutions de palais ? Comme toujours, le rêve d’empire va nous projeter loin de nos querelles intestines. L’Europe. Vous savez, cette grande France.

Allocution télévisée de Nicolas Sarkozy, hier soir, le 10 février, 20h00 :

« Je veux que la France donne l’exemple. Je veux qu’elle soit de nouveau en Europe une force de propositions et une force d’entraînement ».

Ridicule à Neuilly, je serai impérial à Bruxelles :

« Je souhaite que la présidence française soit l’occasion d’avancer dans cette voie. C’est dans cet esprit que je proposerai à nos partenaires comme priorité de travailler sur une stratégie de développement durable, une politique commune de l’immigration, une défense européenne et une refondation de la politique agricole ».

Que ceux qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam de leurs concitoyens, aillent au combat. Un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire :

« Désunis, les peuples d’Europe ne pourraient pas relever les défis du XXIe siècle. Unis, ils représentent une formidable puissance politique, économique, culturelle, morale, qui aura son mot à dire dans les affaires du monde. C’est pour cela que l’Europe est si importante. Dans le respect des opinions et des sensibilités de chacun, je forme le voeu que, dépassant les clivages partisans et les oppositions du passé, nous soyons tous rassemblés pour que l’Europe se fasse, qu’elle se fasse sur des valeurs, des critères, des objectifs dans lesquels nous nous reconnaissons tous ».

Et voilà. Il est probable qu’aujourd’hui l’actualité des guerres factieuses de Neuilly écrase largement dans nos journaux l’inanité du projet européen de Nicolas Sarkozy. A défaut de journalistes relayant de vrais débats d’idées permettant au citoyen de s’approprier la politique, espérons, quand même, que les chroniqueurs, qui à longueur de unes nous racontent la déchéance des Puissants, nous montrent à voir, la fin d’un régime et de modes de gouvernement éculés.

Pour que l’on puisse, enfin, passer à autre chose.

Max.


Nota bene: le collage du jour est inspiré de la dernière publicité d'un grand magazin parisien. Une fois de plus, merci à Jean Paul Goude.